Cette année, 812 047 bacheliers et étudiants réorientés étaient inscrits sur le nouvelle plateforme d’inscription à l’enseignement supérieur mise en place par le ministère de l’éducation, Parcoursup. Mise en place pour la première fois, le successeur d’APB (2009-2017) se voulait plus juste et équitable envers les néo-étudiants, tout en promettant une affectation pour tout le monde, après le désastre de l’ancienne plateforme et son algorithme douteux.
Mais ce nouveau site plein de promesses a connu depuis ses débuts et durant l’été de nombreux doutes et remises en question. La plateforme a désormais clôturé ses portes le vendredi 21 septembre. Retour sur certaines polémiques.
Le contexte et la théorie
Parcoursup fut créé dans le but de "mieux orienter, mieux accompagner, faire en sorte qu'on ne tire plus au sort et qu'on ait plus seulement 30% de réussite en fin de première année à l’université ». Ce sont les mots de Frédérique Vidal, Ministre de l'Enseignement supérieur.
Dans un premier temps, a contrario d’APB, Parcoursup ne proposait plus la possibilité de hiérarchiser les voeux, ce qui semblait être un véritable casse-tête pour les lycéens devant parfois faire face à des choix impossibles.
Autre nouveauté, 70% des réponses « devaient » tomber avant le baccalauréat, les propositions de réponses des établissements étant stoppées durant toute la durée de l’examen, pour reprendre finalement à partir du 26 juin.
Les propositions des établissements ne pouvaient être qu’au nombre de 3 pour les formations non-sélectives (universités) et 4 pour les formations sélectives. « Oui » pour l’acceptation immédiate du candidat, « Oui si » pour une acceptation sous conditions (remise à niveau) et « En attente ». Le « Non » était réservé aux formations sélectives (BTS, IUT...).
Dans les filières dites en tension (Droit, Psycho, Staps), les universités prenaient davantage en compte les dossiers où les compétences et acquis du candidat étaient en adéquation avec la formation demandée.
De plus, l'avis du conseil de classe et les compétences évaluées par les professeurs de lycée étaient obligatoires pour les lycéens souhaitant s’inscrire dans quelconque établissement. Une fiche « Suivi de réorientation » a également était mise en place pour les étudiants en réorientation. Enfin, une lettre de motivation était nécessaire.
Bien évidemment, chaque formation pouvait proposer en plus de ces formalités, des questionnaires, des compétences spécifiques à une filière etc, afin de mieux cerner le profil du futur étudiant.
Dans la pratique, un constat mitigé
Malgré toutes ces nouveautés, début septembre, ce sont 7745 candidats (candidats réorientés compris) qui n’avaient toujours aucune proposition d’affectation. Vendredi 21 septembre, les derniers chiffres sont tombés et nous montrent qu’il restait 955 lycéens sans proposition d’admission ou n’ayant pas accepté de proposition. Les rectorats accompagnent désormais ces derniers, la plupart, issus de filières technologiques et professionnelles.
La nouvelle plateforme qui avait aboli la hiérarchisation des voeux, a tourmenté de nombreux étudiants et leurs familles durant l’été. La plupart n’ont eu qu’une proposition d’admission mi- aout, et d’autres ont dû patienter jusqu’à début septembre pour recevoir le sésame tant attendu; parmi eux, certains se sont vu admis dans des formations qui n’étaient pas toujours leur premier souhait.
D’autres encore se sont vu être affectés dans des formations qui ne sont pas forcément proches de chez eux, voire dans d’autres villes, ce qui exige une mobilité pour ces derniers.
Il faut mentionner que les bacheliers inscrivaient leurs vœux sans les classer, et lors de la phase d’admission, les candidats ayant reçu des réponses fermes, positives ou négatives, pouvaient maintenir leurs voeux en attente. Or, en faisant cela, ils maintenaient également les places proposées, parfois très largement attendues par d’autres étudiants espérant obtenir leur voeu numéro un.
Il faut aussi mentionner que 39 513 candidats demeuraient inactifs à l’approche de la fermeture de la plateforme. Ces derniers occupants des places pouvant être libérées pour des étudiants toujours à la recherche d’une formation.
Par ailleurs, 135 000 étudiants ont reçu dans un premier temps une réponse « Oui si ». Mais les promesses du gouvernement à l’égard de ce type de proposition, risquent de ne pas pouvoir être totalement respectées.
Faute de temps et de moyens dans certaines académies, il n’y a pas encore d’accompagnements prévus par les formations pour aider l’étudiant à mieux se familiariser avec son cursus et l’aider si des compétences requises ne sont pas encore acquises.
Pour finir, une incompréhension sur les critères de sélection utilisés par les universités pour départager les candidats à l’entrée des formations, à susciter beaucoup de questions et parfois même, un doute sur de possibles discriminations.
De nouvelles options et voies de secours
Ainsi, certains étudiants voyant qu’ils n’avaient obtenu aucune proposition d’admission durant la première phase, se sont tournés vers des formations « hors- Parcoursup »: les écoles privées et autres formations privées.
De plus en plus d’étudiants, voyant la complication du système d’inscription pour accéder à l’enseignement supérieur, choisissent la voie du privé en intégrant notamment des écoles de commerce, de gestion, de journalisme ou encore d’art.
En 2018, c’est plus de 180 000 étudiants qui ont délaissé la plateforme depuis le mois de mars. En 2016-2017, c’est alors 40% d’étudiants en plus qui se sont dirigés vers le privé dont plus de 150 000 étudiants inscrits en écoles de commerce/gestion. Si nous prenons le cas des écoles de commerce, entre 1990 et 2016 leurs inscriptions ont augmenté de 230%. (source: SIES).
Mais ces écoles représentent un coût pour les étudiants et leurs parents. Le choix de l’université et des formations sélectives est davantage prisé.
Toujours entre 2016 et 2017, c’est 1 623 500 étudiants inscrits à l’université, qui reste un des premiers choix pour les élèves souhaitant poursuivre dans le supérieur.
Malgré ces polémiques, il est a rappelé que de plus en plus de bacheliers s’inscrivent dans l’enseignement supérieur. Ils étaient 80% à poursuivre leurs études après le baccalauréat (MENESR-DEPP, 2016), un chiffre encourageant ! A noter également que dans les DOM le nombre d’étudiants inscrits dans le supérieur est en hausse de 2% pour l’année 2016-2017.
Reste à voir maintenant les derniers chiffres attendus pour cette année. Parcoursup était une version test, et malgré ses erreurs et sa lenteur qui ont fait l’objet de nombreuses critiques, il doit maintenant se peaufiner. Ce Mardi 25 septembre, Frédérique Vidal a d’ailleurs précisé que la plateforme aller connaître de nouvelles évolutions d’ici 2019.
Il s'agit de voir à l'avenir, comment le gouvernement va agir pour améliorer le système et permettre à tout les étudiants d’obtenir la formation qu’ils souhaitent.
(Chiffres fournit selon L’INSEE et Le ministère de L’Education Nationale)
Théo Mateos-Chaudet
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